Bonne année à tous: On avait un peu laissé tombé le forum, absorbés que nous étions par l'écriture d'un bouquin sur la croisière blanche à travers la Russie. Maintenant que c'est terminé et que le bébé est chez l'imprimeur je prends le temps de répondre à Virgule.
Chamade est équipée d'une trinquette sur enrouleur et voici le fruit de notre expérience.
Si nous avons choisi une trinquette fixe sur enrouleur, c'est essentiellement en fonction de notre programme nordique. Elle permet de manoeuvrer sans aller sur le pont avant dès que la mer se forme, et compte tenu des conditions que nous affrontons souvent "là-haut" c'est un élément de sécurité essentiel. Je me verrais mal, lorsque le vent monte à plus de 20 noeuds aller fixer un étai volant ou endrailler une trinquette alors que les embruns sont à quelques degrés.
Côté performance, au près, par vent fort, supérieur à 20-25 noeuds, combinée avec la GV à 2 voire 3 ris, la trinquette permet de remonter dans des conditions correctes, avec un bateau bien équilibré et facile à mener pour le pilote automatique. En remontant vers le Spitsberg, nous avons ainsi passé plus de 30 heures à remonter 25 à 30 noeuds de vent établis dans l'axe, avec une mer à 2°, dans des conditions acceptables. Nous avons ainsi gagné 90 milles au vent.
On remonte (pas si mal finalement pour tout ceux qui décrient les dériveurs intégraux) avec sécurité et un "certain" confort, c'est donc parfait.
Mais il est évident que cet avantage essentiel se paie cher en terme de manoeuvrabilité, lors des virements de bord, lorsqu'on navigue sous génois. Difficile en effet de virer le génois sans aller à l'avant pour l'aider à passer. Et dès que le vent monte à plus de 15 noeuds, il faut enrouler pour virer. Pas terrible lors d'une série de virements en navigation côtière.
Ainsi donc s'il fallait faire un choix ce serait:
Programme où les navigations côtières dominent: Etai volant et trinquette à endrailler.
Programme grande traversée et régions difficiles: trinquette sur enrouleur.
Programme alizés: Ma religion n'est pas faite. Mais comme on a l'enrouleur, on le gardera.
Une fois la trinquette installée reste la situation intermédaire du près dans 20 noeuds de vent.
Si l'on cherche de la puissance, au large dans une mer formée nous choissisons la formule: GV à 2 ris et génois enroulé d'un tour. Le virement nécessite alors d'enrouler le génois.
Si l'on est en cotière, dans une mer pas trop agitée et dans une zone avec de nombreux virements attendus: GV entière et trinquette. On perd un 1/2 noeud, et 3-4° de cap, mais on se rattrape grâce à la facilité des virements qu'on effectue à la volée.
Et on se rappelle qu'on est en croisière!
Voilà pour ces quelques remarques tirées de nos expériences. Prenez-les pour ce qu'elles sont, et pas comme l'Evangile!
Bon vent
Marc
http://www.chamade.ch