Bonjour,
Je l'ai fait l'an dernier sur mon OVNI 36. Un très beau voyage de deux mois et demi entre Mortagne sur Gironde et Port Saint-Louis du Rhône.
Quelques remarques:
- Le tirant d'air critique est à Carcassonne où le pont adossé à l'écluse est à 3,30m. J'avais démonté l'éolienne mais le radar sur l'arche culminait à 3,17m, mesuré au moins quatre fois.
Le pont est arrondi et le 3,30m est exactement au milieu. Après avoir causé avec l'éclusier, on l'a tenté et c'est passé, les fesses serrées, mais c'est passé.
Si ça passe à Carcassonne, ça passe partout.
- J'ai fait expédier le mât par camion de Mortagne sur Gironde à Port Saint-Louis du Rhône. Il y a plus de 135 écluses à franchir et votre mât est à risque. Il est presqu'impossible de faire ces écluses sans que ça foire royalement au moins une ou deux fois et que le bateau, ou le mât, aille taper dans les bajoyers. De plus, c'est beaucoup plus agréable à faire sans avoir le mât constamment dans les pattes. Ceci dit, j'ai vu plusieurs voiliers faire le canal avec leur mât.
- Le tirant d'eau maxi est à 1,40m et encore, c'est un peu juste à certains endroits lorsque vous approchez des bords du canal, lors d'un croisement par exemple. Vous me direz qu'il n'y a pas de problème lorsque la dérive et le safran sont relevés. Oui, mais le bateau se manœuvre alors comme un manche. Il faut laisser un peu de dérive descendue mais c'est plus délicat avec le safran, que j'ai préféré laisser relevé pour le périple. La manœuvre devient alors plus difficile, en particulier à l'approche des écluses lorsque vous devez franchir des courants traversiers sortant des canaux de dérivations aux abords de l'écluse. Et pour ce qui est de reculer avec un safran relevé, vous m'en donnerez des nouvelles. Et on n'a pas parlé de la Tramontane. Donc, retour à la remarque précédente et la probabilité de foirer au moins une fois dans les écluses. Notre couple a réussi à passer à travers.
- Attention aux pénichettes. Les conducteurs ont très peu de formation et d'expérience (ou pas du tout) et se répartissent grosso modo en un tiers de prudents, un tiers de pas doués et un tiers d'abrutis. Ma stratégie préférée a été de les laisser passer devant rendu aux écluses. Quand vous les verrez manœuvrer dans les écluses, vous aurez envie d'être derrière et non pas devant. Il n'y a pas beaucoup de pénichettes qui respectent les limites de vitesse.
Ils sont venus relaxer sur le canal, mais ils font des circuits trop ambitieux pour le temps qui leur est imparti. Faites très attention si vous les laisser vous dépasser. Leur vague, et le fait que vous vous êtes approché du bord, peut vous faire toucher facilement.
- En plus des pare-battages, nous avions aussi des planches de quai, ou palplanches, de deux mètres placées au centre. Ça frotte parfois sur les bajoyers, qui sont couverts de végétation. Il est préférable que de vieilles planches encaissent en premier. Quatre amarres de 15 mètres, avant et arrières, de chaque côté. Vous ne savez pas toujours de quel côté vous devrez vous amarrer aux écluses.
- Les débris de feuilles dans le canal obstruent rapidement le filtre d'entrée d'eau du moteur, en particulier dans les écluses montantes, alors qu'il y a un fort brassage de l'eau. Nous avons dû le nettoyer tous les jours (souvent plus d'une fois) et parfois il pouvait se boucher au passage d'une seule écluse. Il m'est arrivé une fois de devoir démonter les tuyaux jusqu'au passe coque et la turbine en prend pour son coup. Soyez-sûr qu'elle est en bon état et ayez en de rechange. Nous avions aussi une bouteille d'eau toujours pleine à disposition pour remplir le filtre après nettoyage. Donc, vérifiez si cette procédure est facile à faire pour vous. On a parfois dû s'arrêter rapidement au bord du canal et pas toujours à l'endroit idéal. Après quelques jours, j'avais pris l'habitude de nettoyer le filtre le soir en arrivant et à la pause du midi, quand les écluses sont fermées. Après d'aussi fréquents démontages, le joint torique du filtre (Vétus pour moi) peut perdre de son étanchéité. Le circuit d'eau aspire alors de l'air et se vide graduellement. Vérifiez souvent que le moteur crache bien son eau.
Je vous encourage à le faire et surtout, à prendre votre temps, c'est un très joli voyage. Si vous prenez votre temps, songez à remonter la Baïse jusqu'à Nérac, un coup de cœur pour nous.
Si vous avez d'autres questions, n'hésitez pas.
Antoine Rose
Ovni 36, Maître Bau