Diesel et contamination bactérienne

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Diesel et contamination bactérienne

Messagepar roseant » 13 Août 2023, 22:40

Je navigue présentement en Grèce et l'expérience suivante est utile a connaître. Désolé si c'est un peu long.

Vous le savez probablement déjà, le carburant pour diesel est sujet à contamination bactérienne et c'est pourquoi il faut user de biocides lorsqu'on fait le plein.

C'est d'autant plus vrai que l'on retrouve de plus en plus de bio-diesel mélangé au reste. Les bactéries n'en sont que plus gloutonnes, surtout sous climat chaud.
J'ai eu plusieurs avis de locaux grecs sur la qualité parfois douteuse du fioul obtenu en Grèce, en particulier lorsqu'il est vendu par les mini camions de livraison, ce qui est souvent la seule option disponible dans les îles.

Je mets du biocide et malgré cela, j'ai subi une contamination assez sérieuse. À l'automne, j'ai constaté que le filtre séparateur d'eau était rempli de bactéries. Après nettoyage complet, le filtre était à nouveau saturé à mon retour au printemps. Comment ça se manifeste au final? Un moteur fonctionnant parfaitement qui ralentit et s'arrête soudainement. Pourquoi? Les bactéries obstruent de façon générale et étendue le système d'alimentation. Le moteur ayant de la difficulté à aspirer son carburant, des bulles d'air apparaissent et s'accumulent un peu partout dans le système et le moteur s'arrête. Souvent, il peut redémarrer assez facilement et fonctionner à régime modéré, pas toujours.

Pour ma part, il a fallu vidanger complètement le réservoir, l'ouvrir, nettoyer à fond et désinfecter. Qu'est-ce qu'il y avait comme cochonneries là-dedans. Tous les tuyaux et filtres ont dû être remplacé.
Pour la vidange, il y a sur l'Ovni 36 deux plaques de visite, une de chaque côté du frigo central. Sachez que c'est insuffisant parce que la moitié arrière du réservoir reste inaccessible pour le nettoyage et la désinfection. Nous avons du percer une nouvelle trappe de visite au pied de la descente. Examinez vos réservoirs et demandez-vous si vous auriez un accès complet le cas échéant. Sinon, sachez que vous faire installer une trappe de visite selon vos spécifications sera bien préférable à celle qui pourrait être bricolée dans un petit bled par un mécano plus expert en extraction de maravédis qu'en travaux bien faits.

Prévention pour la suite (suggestions):
- Autant que possible, essayez d'éviter les mini-camions citerne et préférez faire le plein dans un endroit où il y a un fort volume. Bien sûr, les camions-citernes ne sont pas tous douteux, loin de là, sauf que vous saurez pas d'avance sur quoi vous tomberez.
- Biocide obligatoire, ce n'est pas optionnel.
- J'ai maintenant trois filtres sur le circuit et des rechanges doubles pour chacun. Pour le filtre séparateur d'eau, surdimensionnez si vous avez l'espace. Le filtre peut très bien avoir la capacité nominale pour votre moteur. Toutefois, est-il encore suffisant si celui-ci est à moitié (ou plus) obstrué par les bactéries.
- Sachez faire une purge les yeux presque fermé. Si vous ne l'avez jamais fait, vous vous rendrez peut-être compte que certains outils ad hoc sont utiles. Oui, c'est un boulon de 15, mais oups, il n'y a pas la place pour insérer une clé ou une douille de 15.
- Pour faire rapidement une purge, ma pompe d'aspiration pour vidange d'huile de type Pela s'est avérée très utile.
- Dernier détail et non le moindre: le tuyau qui plonge dans le réservoir a un diamètre intérieur de près de 20 mm. Celui est branché sur une vanne à la sortie de laquelle le diamètre du tuyau d'alimentation passe à environ 5-6 mm. Ce goulot d'étranglement est l'endroit idéal pour une accumulation de saletés et de bactéries. Je ne croyais pas avoir de problème de ce côté puisque j'ai plusieurs fois actionné la valve et passé une sonde dans le tuyau à la sortie de la vanne, sans aucune obstruction ni saleté visible, cela après que le mécanicien m'ait affirmé l'avoir démonté et nettoyé la vanne. Ce n'était pas vrai. Sauf que le bouchon de bactéries qui se forme est très malléable, est simplement repoussé un peu plus loin par la sonde, et immédiatement ré-aspiré par le moteur dès qu'il fonctionne. Démontage obligatoire de la vanne pour inspection et nettoyage. C'était le dernier noeud du problème.

Facile a raconter après coup, mais dans les faits, l'identification et l'éradication du problème s'est étendue sur plus de deux navigations de deux mois, avec l'intervention de cinq mécanos au total, et le stress d'un moteur pouvant s'arrêter sans raison apparente à tout moment. J'ai dû être remorqué à l'île d'Ios. Durant la traversée de 35 milles entre la Crête et Kassos, j'ai dû arrêter cinq fois le moteur pour le purger. Pas bon pour la tension artérielle tout ça. Une révision majeure effectuée l'hiver dernier a fait un grand bien au fonctionnement général du moteur, sans toutefois régler le problème. Je suis maintenant devenu expert en purge du système d'alimentation. Et le moteur révisé tourne comme un neuf. Problème réglé jusqu'à preuve du contraire.

J'espère avoir été utile.
Antoine
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Re: Diesel et contamination bactérienne


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Re: Diesel et contamination bactérienne

Messagepar CALLISTO » 22 Août 2023, 16:57

Le phénomène de contamination bactérienne des réservoirs de GO semble être assez récent et n'est certainement pas étranger au réchauffement climatique, surtout pour les navires méditerranéens. Lorsqu'on laisse stagner du GO, des bactéries (qui stagnent dans le réservoir probablement à l'état de spores) prolifèrent et causent la formation de grumeaux, qui bientôt viendront obstruer l'orifice de sortie du réservoir au niveau de la vanne, puis pulluleront dans le décanteur, ce qui tôt tard viendra boucher l'arrivée du carburant au niveau des injecteurs. Et le moteur cessera de fonctionner, après quelques soubresauts inquiétants. Il semble que la prolifération bactérienne se fasse de la façon suivante : l'air extérieur pénètre dans le réservoir lorsqu'on ouvre celui-ci, mais également par l'orifice d'évent. L'air extérieur pénètre donc dans le réservoir par simple échange thermique, et ceci de nuit en nuit. Avec l'air extérieur c'est également de l'eau en petite quantité (l'air marin est toujours humide) qui pénètre. La nuit venue, la température baisse et la vapeur d'eau qui a pénétré dans le réservoir vient se condenser sur les parois (le phénomène ne touche apparemment pas que les réservoirs en alu ou en inox, lesquels sont cependant les plus exposés). Et voici qu'il y a de l'eau dans le GO, en très petite quantité certes, mais qui de jour en jour devient plus importante. Dès lors, les spores bactériennes, qui ont de l'eau (élément indispensable à la vie) et de l'oxygène (qui leur arrive par l'évent) trouvent dans le GO de quoi se nourrir et proliférer, et petit à petit se forme dans le réservoir une sorte de vinaigrette, mélange d'huile et d'eau au sein de laquelle on voit une "mère", comme dans le vinaigre. Inutile de dire que le moteur diesel apprécie peu et que malgré sa résistance, il finit par cesser de fonctionner lorsque les injecteurs envoient dans les cylindres de la vinaigrette, ou lorsque les bouchons de bactéries ont tout simplement obstrué la canalisation. Autrefois, on ajoutait du soufre dans le GO (en tant qu'antibactérien), mais c'est maintenant interdit en raison de la pollution. Les raffineurs vendent donc du GO à durée de vie limitée (6 mois). Les utilisateurs d'engins à moteur diesel le savent bien : pour éviter la prolifération bactérienne, ils maintiennent leur réservoir toujours plein, afin qu'il n'y ait pas de condensation. Mais les marins sont beaucoup plus exposés en raison de la forte humidité de l'air ambiant. Nombreux sont ceux qui maintiennent leur réservoir toujours plein, notamment en hivernage.
En cas de formation de vinaigrette, il faut vidanger le réservoir, se débarrasser du carburant (qui contient des bactéries), vidanger tout le circuit jusqu'aux injecteurs, vider et nettoyer le décanteur à GO et changer les filtres. Puis traiter le réservoir à l'alcool à brûler : on déverse 1 ou 2 litres d'alcool à brûler (et non de l'alcool ménager) dans le réservoir bien fermé et on laisse agir pendant 24 h. A la vidange on récolte un mélange d'alcool et de GO avec de nombreux débris de grumeaux bactériens, et on recommence l'opération jusqu'à extraire un liquide parfaitement clair. Et bien sûr on fait passer l'alcool à brûler dans les durites. Lorsque tout est clair, on refait le plein de GO ; aucun souci concernant le résidu d'alcool : le moteur le brûlera avec le GO. Et on fait ça chaque année voire 2 fois par an. Ne pas ouvrir trop souvent le réservoir (ce qui fait pénétrer l'air et la vapeur d'eau) mais surveiller visuellement l'absence de grumeaux et de vinaigrette. Et bien sûr ajouter un bactéricide dans le carburant (plutôt en dosage curatif que préventif, surtout en région très chaude).
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Re: Re: Diesel et contamination bactérienne

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