par roseant » 16 Jan 2023, 17:46
Bonjour Macta,
Les défaut du génois sont souvent les qualités du yankee et vice versa. Donc, le choix devrait être guidé par vos objectifs de croisière.
En bref, voici quelques avantages et inconvénients des voiles d'avant
Performance au près par petit temps: avantage au génois complètement déroulé. En fermant l'espace entre le pont et la voile, on augmente le gradient de pression entre l'intrados et l'extrados de la voile. C'est surtout effectif par petit temps.
Mais, dès que le vent forcit et que l'on se retrouve avec un surplus de puissance, on doit réduire la voile. En utilisant un enrouleur, la voile se déforme d'autant plus qu'elle est creuse, c'est-à-dire taillée pour le petit temps. C'est davantage le creux que la position du point d'écoute qui dictera le degré de déformation lors de l'enroulement. Les rattrapeurs de creux que l'on trouve dans les génois sont efficaces jusqu'à environ 15 à 20% d'enroulement. Après, ça se gâte rapidement.
Voilà le pourquoi de la trinquette, la possibilité d'avoir une voile plus petite et plus plate pour de bonnes performances au près dans du vent plus fort.
Au vent portant, hors de l'écoulement laminaire, avoir une voile creuse devient même un avantage. Qu'est-ce qu'un spi, sinon une voile très creuse et de grande taille pour le portant.
Avantages d'un point d'écoute plus élevé: meilleure visibilité (lorsqu'on a besoin de celle-ci). Lorsque la voile est tangonnée au portant par forte mer, un point d'écoute plus bas a de meilleures chances d'enfourner au roulis. Enfin, en relevant le point d'écoute, le réglage du point de tire de l'écoute devient moins sensible lorsqu'on enroule la voile. Quand on enroule un génois qui suit de près le pont, on doit progressivement avancer le point de tire de l'écoute pour que celui-ci demeure optimal. Cette nécessité décroît en relevant le point d'écoute. On peut même imaginer une hauteur de point d'écoute qui ferait en sorte que le point de tire reste inchangé peu importe le degré d'enroulement. Mais, tous ces avantages se paient en pertes de performances par temps léger.
Pour mes traversées atlantiques, par l'Atlantique nord, j'avais un foc de route (60%) monté sur bas-étai. Dès que le vent franchissait une certaine force, le foc de route devenait nettement plus efficace que le génois enroulé. C'est l'idée de la trinquette.
J'avais aussi fait tailler un génois de surface réduite (130%), plus plat, taillé dans un tissu plus lourd et avec un point d'écoute plus élevé que la norme. Excellente sur l'Atlantique, cette voile avait cependant son prix, performance réduite dès que l'on se retrouvait en navigation côtière, c'est-à-dire dans les situation où on choisit sa météo, avec des vents légers à modérés et que l'on reste à l'abri quand ça souffle vraiment.
Donc, je vous suggère de penser à vos projets de navigation et d'avoir une conversation avec votre maître voilier. Appeler ça un yankee ou un génois est de peu d'importance. Avec le maître voilier, vous pouvez discuter de votre programme et décider de grammage du tissu, de surface et de creux, de coupe et de la hauteur du point d'écoute en vous disant toujours que ça restera un compromis, que tout avantage gagné d'un côté sera payé d'un désavantage sous d'autres aspects. Enfin, puisque les ovnis ne sont pas des voiliers de régates, on peut se dire bof, aller vite n'est pas si important. Sauf que d'avoir un minimum de performance retarde aussi le moment où on lorgne la commande moteur.
Et rappelez-vous que pour le petit temps, il y a les spis et les codes zéro, si l'espace et le budget le permettent.