par SABBA » 03 Jan 2012, 12:50
Objectivement on peut citer les avantages et inconvénients du dériveur intégral sur un quillard comme suit :
Inconvénients du dériveur :
- Sur un dériveur intégral le lest est bien évidemment positionné plus haut que sur un quillard, il faut donc un lest plus lourd pour obtenir un couple de redressement identique. Les architectes jouant aussi sur la stabilité dynamique de la carène, plus grande largeur, etc, ce n'est cependant pas une "règle de 3" basique
- toujours un risque d'avoir des problèmes avec un mécanisme de relevage, voire de perdre complétement la dérive (risque plus ou moins important suivant la conception et construction des dériveurs). Ce n'est cependant pas un problème pour la sécurité sur les dériveurs dont la dérive n'est pas lestée, le poids de cette dérive jouant un rôle marginal sur le moment de redressement du voilier. Plutôt un problème pour remonter au vent !
- en général au près un dériveur se comporte moins bien qu'un quillard, c'est notamment vrai sur les quillards de course 60 ou 40 pieds avec quille profonde et basculante pour optimiser l'efficacité du poids du lest (moment de redressement maximum pour un lest relativement plus faible), voire sur les ULDB, Cigale, etc, mais pas trop sur la grande majorité des quillards de grande série qui sont des compromis et possèdent très souvent des quilles courtes ou peu profondes pour ne pas être trop pénalisés dans les ports ou mouillages (par ex moins de 1m50 sur un 12m)
- dans le gros temps plus de difficulté à tenir la cape sèche
- en ce qui concerne le confort, le puits de dérive tient de la place et peut gêner l'aménagement du carré
Avantages du dériveur :
- Pas d'effet "croche-pied" dérive relevée. Ce n'est pas un argument théorique, comme je l'ai déjà lu sur ce forum et d'autres sites nautiques, ceux qui pratiquent le dériveur léger (ex le laser) dans la brise et empannent en oubliant de relever leur dérive peuvent en témoigner. Très important lorsqu' en fuite dans la tempête.
- Les déplacements légers (le cas de la majorité des voiliers récents, quillards ou dériveurs) se comportant mieux en fuite qu'à la cape, c'est d'autant plus critique de pouvoir fuir la tempête en sécurité
- Accès à des zones de mouillages plus sûres en eaux peu profondes, par ex. amarrage dans une mangrove lors du passage d'un cyclone, voire de carrément monter sur la plage (pour les dériveurs intégraux à fond plat) comme l'ont fait certains !
- Ce meilleur comportement au portant (notammant en fuite dans le gros temps) ajoute au confort : mouvements plus doux du bateau et moins d'efforts sur le pilote (contribution positive à la sécurité)
- quant à la vitesse au portant, probablement un petit gain par rapport à un quillard de série une fois la dérive relevée, mais tout comme l'argument contraire sur la vitesse/cap au près, probablement assez marginal ? A mon avis plus une question de voiles et de réglages , et bien sûr de poids total incluant le chargement, le plein des réservoirs, etc
Mais alors quel est le voilier le plus sûr dans la tempête ? Vu les avantages et inconvénients des 2 formules, pas évident de répondre catégoriquement. Comme il a déjà été mentionné plus haut cela va dépendre des conditions rencontrées : eau à courir ou au vent d'une côte, etc.
A mon avis dans 99 % des cas, le plus important c'est l'expérience du skipper et la connaissance qu'il a de son bateau qui va vraiment faire la différence. Par exemple (une expérience vécue) dans une tempête au large de l'Argentine vers les 45 Sud (peu d'abris), un quillard ancien classique (déplacement lourd avec quille longue) et un trimaran (bien plus extrême que pour un dériveur monocoque) faisant la même route initiale n'ont pas du tout adopté la même stratégie, à juste titre ! Le premier est resté toute une nuit à la cape, alors que l'autre en fuite plusieurs heures a effectué un joli triangle...